mardi 23 décembre 2008

La reine à St Paul...











Au sujet des costumes:

La robe-objet est une construction plastique

qui suit l’élaboration d’un spectacle.

Elle s’inscrit dans le temps et fait surgir

la forme pour y loger le corps.

Une façon de mesurer l’intérieur du silence

en creusant le tissu.

C’est aussi une trace brodée de l’attente,

une action humble et laborieuse,

qui trompe l’angoisse et la peur.

En les entourant de fils et de perles colorées,

je tente de les apprivoiser.

Pour la version dite 5+1 du spectacle sur la Reine Morte,

une robe plus légère

a été cousue, me dénudant davantage.

Le poids de ces robes-sculptures,

symbolisaient l’autorité lourde et écrasante

de l’interdit propre à l’état fasciste.

Un corps ficelé de l’intérieur,

caché derrière les préjugés moraux et religieux.

Il m’a fallu quatorze ans pour me libérer de cet interdit.

Et apprendre à danser, légère, en intégrant son poids dans mon corps.

Ensuite, je ne pourrais plus me laisser surprendre par sa matérialité changeante,

Sa corruption sordide.

lidia martinez- ( 1989-2006 )

Sur la Reine morte, Inez de Castro :

( … ) Sans succès et depuis 1984, Inez de Castro essaie d’échapper au drame de sa mort.

Elle marche sur ses propres traces, refaisant les gestes d’autrefois et retrouve les sensations subtiles d’une danse qui trompe la mort.

Inez revient, elle est seule et repose

la tête sur l’épaule de son amant, elle se souvient.

La Nourrice pétrit le pain ( corps d’Inez ),

qui se brise contre un destin imposé par

Le blanc récit de sa tombe.

L’évanouissement s’empare de la reine morte

et dans l’ourlet de sa robe se cachent

du sable rouge et des poignards sans maître.

Pedro l’habille de soie verte pour l’ultime parade

et déjà l’oiseau se meurt par la bouche.

LM. 2002

Extraits de presse :

« ( … ) Plein de projets en perspective pour cette artiste chorégraphe et plasticienne

qui au gré des créations, construit un univers symbolique et mythique ( … ) ».

Le Monde Interactif, Cristina Mariano.

« ( …) Lidia Martinez installe ses mythologies personnelles comme des réseaux de sens à décrypter, plutôt à ré-interpréter, dans la veine d’autres plasticiens tels Chrristian Boltanski, Mike Kelley, Richard Baquié par exemple ( … ) «.

La Marseillaise, Claude Lorin.

« ( …) Exposition monographique de cette artiste plasticienne, danseuse et chorégraphe à Miramas ( … ) »

Vogue Magazine.

« ( …) On connaissait ses solos trempés dans l’univers qui la caractérise.

En dansant multiples n’a jamais autant ému et transmis ( ... ) « .

Fédération de la Danse, Emerentienne Dubourg.

«( … ) Théâtre, danse, performance ?

Comment définir son travail ?

La frontière est son élément géographique, elle saute d’un art à l’autre avec aisance,

Cela dérange la critique et peut rendre difficile

la compréhension de son travail.

Elle est proche des artistes de » l’Art Povera « ,

par l’utilisation de matériaux conducteurs d’énergie.

L’emploi de fragments, de « déchets « soustraits à la vie,

servent à célébrer l’énigme de la vision, ils interrogent notre conception de la danse,

du théâtre, celle du créateur, de l’artiste ( … ) « .

« Le jardin de Lidia Martinez «

Isabel Vila Nova Journal des Lettres( lisbonne )

samedi 20 décembre 2008










Cartas de amor de Pedro e Inez

Me voici prête au dernier adieu,
puisqu’il allège le peuplier
de ses feuilles sombres, tardives.
Il y a des roses qui habillent ma gorge de satin parfumé.
L’odeur m’apaise et la nuit rentre en moi par la bouche
Et fait éclater ma poitrine.
Ma peur se roule à tes pieds,
se cache sous la terre que tu parcours.
Je suis l’oiseau poursuivi par les chiens
d’un roi qui ignore tout de la passion.
Un insecte apeuré et ses ailes me crucifient à un destin
qui s’écrit par-delà un lit de pierre dentelée.
Je demande au vertige de ne pas rougir l’eau de notre fontaine,
qu’il tarde de le faire.
Le quart de lune décroisse encore sous le lourd
témoignage de ce crime.
Il est le seul témoin de cet abandon.
L’adieu est l’oraison que je répète au temps qu’ils me volent,
à la vie qui me reste.
Ma bouche ne bouge pas, elle boude.
Pedro, ne laisse pas la trahison lever le poignard
qui menace ma quiétude.
Reviens et protège-moi de tout ce qui me tue.
Fais-vite, le diable me colle son pas,
il me glace le visage de ses doigts impairs.

Inez, Paris Juin 1997

mercredi 17 décembre 2008


































Texte sur le Thrène

Lamentation pour l’amant disparu

Mon bel amant, mon petit, mon cœur,

il est tard, il est déjà trop tard,

c’est fait et plus à refaire.

Mon cœur a séché,

je me noie dans la rareté de ses larmes.

Il est tard, il est déjà trop tard.

Les vers,

les insectes vont te dévorer,

le temps fera de toi

un paillon à la nuit brève.

Les morts regardent de l’autre côté de l’abîme,

de l’autre côté du puits,

ils arrivent du fond de la peur.

Oh mon bel amant, mon tout petit, mon cœur!

La barque de Caron ne peut se fier à la lune.

Ombres et battements d’ailes furtifs

glissent sur le Styx.

Va-t’en mort !

Gueule de chauve-souris au museau ridé.

Elle te prend sous son manteau de poussière.

Des fleurs poussent sur les pierres.

Il est tard, il est déjà trop tard.

Mon amant, mon petit, mon cœur,

j’ai un couteau planté dans ma bouche.

Une dent de loup te coupe la lèvre,

et c’est moi qui saigne.

Aie, aie, aie, mon amant,

mon tout petit, mon cœur !

Je suis une Cassandre inutile

au rire brisé d’Ophélie.

Après t’avoir pleuré,

après avoir ri aussi,

après la vaisselle et le rangement,

j’irai à la fenêtre de ma chambre

crier au monde :

- Je t’aime, ô toi !

Mon tout petit, mon bel amant, mon cœur !

Dieu t’a insufflé la vie

par le « baiser de sa bouche «

tu as avalé une partie de son âme.

Après, tu as chuté dans le monde

et je t’ai rencontré.

Il faut rendre aux choses leur gloire.

Ce soir je suis nue dans les plis de nos draps,

Nostalghia, nostalghia.

Tu as le visage gris de l’absence.

Tu es le père du vent.

Souffles sur ma peine,

sur la pourpre désolée de mes lèvres.

Sans toi, j’ai les mains déracinées.

Sens-tu le benjoin, la myrrhe et le nard ?

Ils embaument tes cheveux coiffés par Marie.

Mon bel amant, mon tout petit, mon cœur,

il est tard, il est déjà trop tard.

Les oiseaux tombent dans le puits,

tu suis une étoile, nous sommes faibles,

les animaux sont faibles,

l’un est le lieu de l’autre.

Oh mon cœur, mon tout petit, mon bel amant!

Mon dernier cri est pour toi.

Sur ton lit de mort,

je libère mes mains.

Pour toi, la rose se plie

De beauté et de velours rouge.

Bruxelles, Paris 05

Tes cheveux...




















...tes cheveux sont les bijoux de la mort...

Pedro.

samedi 13 décembre 2008











Textes de Martin, O Bobo. Martin

- Je suis né triste, c’est chose rare pour un bouffon.
Ma tristesse vous fait sourire.
Cet amour est un tourbillon d’étoiles !
Des ailes, il me donne des ailes,
il fait semblant de voler,
sur la pointe des pieds il regarde le ciel.
Demandez à Dieu, qui est le Roi « Saudade « !
Il est le premier, le seul à placer le froid jouet
de la mort sur un trône.
- Tout autour de lui reflète Inez,
chaque arbre connaît
la grâce de son abandon. .

Elle est un papillon de nuit
pris au piège d’un pli de velours,
au bas de son manteau royal,
un bijoux greffé sur de la dentelle usée.
Ah, ah, je sens vibrer ses ailes au creux
de mon pauvre cœur de bouffon !

Mon bon Roi …. Pedro le « Justicier « , le « Cru
«, le jouisseur, le veneur,
- - Mon jumeau ! / ( Il tombe au sol )./

- Vous êtes tous venus et n’osez rien dire… ( il se lève )
Regardez, regardez son chagrin dans mes yeux…

oui, oui… vous craignez cette douleur qui assombrit mon regard.
Sa folie et ma bosse s’accordent, elle grossit mon dos,
elle m’habille pour la dernière des nuits.( ...)


LM, 2005

dimanche 12 octobre 2008


Dernière lettre amour d’Inez à Pedro

Pedro,

Je me déshabille auprès de la fontaine

et j’écoute le merle enrouler son chant,

dans la force désobéissante du fleuve.

Il court caressant le flanc des berges.

Aiguë est le cri du paon qui se promène

Tout près de moi.

Etrange la beauté qui m’entoure.

Il me semble voir tout décollé du monde.

Une poésie scandaleusement nue et obscène

dans sa cruelle beauté.

Je vis maintenant et je peux mourir de suite…

( extrait de la dernière lettre d’amour)

LM_______2005

Cartas de amor

mercredi 8 octobre 2008


Le Reste est silence

( adaptation pour la représentation à Paris en 2005)


Textes de Martin, O Bobo, le Bouffon :

La berceuse :

« Lune, lune, embrasse, mon amie, ma reine,

donne-lui ton baiser de nuit, ô nani, nani.

Dort, dort, mon amie, ô nani, nani,

dans ton nid de pierre, nani, ô nani, nani, na.

La lune habille ma reine,

d’un voile de lumière,

nani, nani, ô nani, nani.

Ah ! Que la mort est longue et la nuit sans rêve,

O nani, nani, la lune couvre mon amie, ma reine,

de son baiser de lumière, ô nani, nani, naaaaaaaaaaaa « .

Le bouffon, o bobo, Martin, chante la berceuse

en se frayant un chemin parmi le public.

Ensuite, après le chant, il va vers la chaise du Roi

et prend le sceptre.

Il joue autour et avec le public.

Martin :

- Je suis né triste, c’est chose rare pour un bouffon.
Ma tristesse vous fait sourire.

- Cet amour est un tourbillon d’étoiles !

- Des ailes, il me donne des ailes - il fait semblant de voler, sur la pointe des pieds il regarde le ciel.

- Demandez à Dieu, qui est le Roi « Saudade « !

- Il est le premier, le seul à placer le froid jouet de la mort sur un trône.

- Tout autour de lui reflète Inez, chaque arbre connaît la grâce de son abandon.

. Elle est le papillon de nuit pris au piège d’un pli de velours

au bas du manteau royal, un bijou greffé sur de la dentelle usée.

Ah, ah, je sens vibrer ses ailes au creux de mon pauvre cœur de bouffon !

Mon bon Roi … Pedro le « Justicier « , le « Cru «,

le jouisseur, le veneur, mon jumeau !

( Il tombe au sol ).

- Vous êtes tous venus et n’osez rien dire… ( il se lève ),

- regardez, regardez son chagrin dans mes yeux…

- oui, oui… vous craignez cette douleur qui assombrit mon regard.

- Sa folie et ma bosse s’accordent, elle grossit mon dos,

- elle m’habille pour la dernière des nuits.

Le roi sort, Martin s’adresse à lui :

- Oh, mon bon roi donne-moi du pain, du pain, je tombe!

- Pedro prend sa main et lui dit :

- Comme tu as maigri mon pauvre Martin, ta bosse te pique le dos…

- Martin :

- - De nous deux tu es le plus fou, le plus bossu, le plus malheureux.

- partage mon pain et mon agonie.

- Brise ton cœur de pierre et allons mourir auprès du peuplier,

- où la reine est enterrée.

Suit le monologue de D. Pedro...

Fin du monologue, le bouffon vient chercher le roi

et monte avec lui au premier étage.

- Petites phrases d’accompagnement :

-
Le cirque est la maison du roi.

Le roi fui t incliné… il reste petit vu d’ici.

Moi je continue de désobéir au vent !

Je sais que la grande douleur est muette et que chaque nuit possède son manteau.

Les hirondelles ont choisi cette nuit pour trisser autour de la tombe d’Inez !

HI, HI, HI, HI, HI !!!!!!!

Son royaume s’est perdu dans le brouillard autour du Mondego.

Les spectres de la cour suivent la procession macabre.

Hallalis, Hallalis !!!!!!!!!!!

Préparez les faucons, nous allons chasser la Saudade,

Une si bonne compagne pour l’éternité.

Hallalis, hallalis….

Ils disparaissent par le haut du premier étage.

Suit la berceuse par lidia qui chante dans les escaliers.

Les « Ineses « viennent chercher le public, ils s’installent dans la salle de conférences.

Les scènes se suivent jusqu’à dernière, celle où Bernadette dit un petit texte sur D.Pedro,

et qui va introduire le monologue du bouffon.

Dernière phrase du texte de Bernadette :

( … ) Pedro s’habille pour l’ultime parade

et déjà l’oiseau se meurt par la bouche «.

Le personnage du bouffon s’habille en roi, ouvre la porte au fond de la salle,

il joue en tenant compte et du public en face et l’extérieur.

Le bouffon :

- Ah! Le vent, sentez, sentez ce vent qui vient ce soir nous visiter.

Il nous glace le sang et nos pieds frappent en cadence la pierre humide.

C’est un baiser de nuit qui nous surprend, il glisse ses ailes froides

sur une main décharnée !

Aie, aie, aie … Inez se balance entre deux mondes,

son voyage prend fin au bout de cette allée.

Entre les lys vibrent des insectes pris au piège de la lumière.

Je suis celui qui a ouvert sa tombe, le temps souffre de la nuit éternelle.

Après le chœur des moines j’ai cru entendre la mer !

Oui, chaque chose regardait sa propre image,

tout devenait le miroir d’un autre et plus rien ne se fixait.

L’air sentait l’ambre et la résine, la mort aussi…

Il s’adresse à la Morte.

Dort, dort ma Reine, la quiétude du lieu te convient-elle ?

C’est moi ton Pedro, nous sommes seuls, je sens ton âme éclairant la

mienne, dans la mort tu écoutes mon désespoir.

Parler, parler, laisse ton pauvre roi te parler ;

J’ai été ton loup, le bourreau qui n’a pas su t’épargner.

Dans mon royaume tu es deux fois reine.

Tout a été bon, tout a été béni !

Ah! Coimbra était notre mère, tout a fleuri, les champs, les berges,

les places se sont remplies, le peuple te saluait.

Le fleuve éclairé par les torches s’inclinait vers nos pas qui couraient à tes côtés.

Te voilà enfin, si proche dans ton éternité de pierre !

Cet amour me fait peur, le sommeil me prend…

Inez, cette nuit nous sommes frères, deux oiseaux morts partageant le même nid

Até ao fim do mundo.


lidia martinez ,2005

.



Le reste est silence

Le mythe portugais met face à face

la passion amoureuse et l’intrigue politique.

Inez et Pedro ressuscités après le jour du jugement dernier

Se retrouvent enfin.

La culpabilité oblige D.Pedro à formuler au public,

La question qui lui tenait compagnie pour l’éternité :

« Est-ce q’elle me pardonne ? «

C’est la version 5+9 des spectacles sur le personnage d’Inez de Castro,

écrits et joués par notre compagnie, depuis 1984.

C’est un spectacle bilingue, crée à Coimbra en avril de 2005, dans le cadre

Des commémorations des 650 ans de la mort d’Inez de Castro.

Un travail de Lidia Martinez, avec Emerentienne Dubourg,

Bernadette Hildeilfinger,

Anne Savina, Martine Vinsani et David Weiss.

Pour le prologue, Lidia Martinez chante

un extrait de « Falas da Castro «,

De Eduarda Dionisio.

Ce spectacle a une durée d’environ 50’.




















Noites...

( a partir da peça O resto é silêncio )

Cançao de embalar do bobo, Martim.

« Lua, lua, lua,

beija de luz, a minha rainha,

num veludo triste de insectos, dorme, dorme Inez.

Aie, que a morte é longa e a noite sem treva,

O nani, ô nani, nani, ô nani,na

Lua, lua, lua, esconde a minha rainha

No seu ninho de pedra.

Dorme, dorme Inez,

O nani, ô nani, nani,ô nani, na.

Martim:

- Eu nasci triste, feito raro para um bobo,

Mas a minha tristeza diverte-vos.

Este amor movimenta todas as estrelas !

Dêm-me asas, quero levanta-lo do chao,

Leva-lo até ao céu.

Perguntem a Deus quem é o Rei Saudade.

Pedro é o primeiro, o unico a instalar

o frio espantalho da morte

sobre o trono.

Tudo à nossa volta reflecte Inez,

cada uma destas arvores conhece a graça do seu abandono.

Armadilhada na dobra do seu manto real,

presa à velha renda cerzida,

treme uma borboleta nocturna.

Ah, sinto vibrar as suas asas

sobre o meu pobre coraçao de bobo!

Meu bom rei da-me pao, da-me pao, eu caio !

( cai no chao ).

De nos dois, tu és o mais triste, o mais corcunda, o mais infeliz…

Partilha este pao e a minha agonia.

Quebra o teu coraçao de pedra, vem morrer comigo

Ao pé da macieira onde a nosaa rainha foi enterrada.

O pomar nos oferece a terra e a sombra,

somos ambos doidos, jà nao durmo,so cavo.

Depois semeio, para te oferecer o fruto seco que cresceu

do chao.

Ah, Pedro, irmao, nao sentes este assopro nocturno

Que nos abala os sentidos?

Gela-se-me o sangue e os meus pés esquivam a pedra humid a.

E o beijo da noite que nos surpreende.

Escorregam frios os seus labios sobre a minha mao.

Aie…aie, Inez baloiça entre dois mundos,

Este crime abriga todo o nosso assentimento.

Ela conhece a lenta cobardia do nosso pesar.

Entre os lirios vibram os insectos armadilhados de luz.

Eu sou aquele que te viu abrir o seu caixao,

Este foi um rapto infeliz para a noite eterna,

uma sincope na respiraçao calma de alguns homens,

uma vénia à beira do abismo, tao triste.

Uma valsa endiabrada no inferno de Vulcano.

Escuta o findar do canto dos monges,

Nao ouves correr ao longe o rio Mondego?

Cada um de nos era um espelho reflectindo

a sua propria imagem e nada se deixava fixar.

O ar cheirava a âmbar, a resina e a morte também…

Dorme, dorme minha rainha, sou eu o teu bobo,

o irmao de giba e de gaguez do teu amante.

Estamos tao sos, sinto a tua alma alumiando a minha.

Deixa-me falar contigo, trago-te a sua confissao.

Ele foi o teu lobo, o carrasco nao te soube perdoar.

Neste teu reino és duas vezes rainha

Tudo foi bom, tudo foi benzido.

Ah, Coimbra foi a nossa mae, tudo floriu,

os campos, as margens, o povo soube-te aclamar.

O rio encheu-se de luzes inclinadas para te saudarem.

Eis-te agora tao proxima duma eternidade de pedra.

Este amor me faz tanto medo !

Chega-me o sono…

Adeus.

Até ao fim do mundo.

LM. Maio 2006















FALAS DA CASTRO, a partir d'un texte d'eduarda dionisio...
et des lettres d'amour fictives de LM.











Cartas de amor de Pedro e Inez


Première lettre :

« Depuis que vous êtes parti la fontaine des amours c’est tarie.
Ici tout est devenu lent étiré. Les pierres s’enfoncent dans le marais

honteuses de porter votre oubli.

Sur les murs se dessinent des routes griffées, poreuses.

J’y vois couler des larmes.

Aujourd’hui le soleil blesse mes yeux de sa lumière trop vive.
Je me cache dans le forêt, elle me parle, me caresse la peau.

Près de la carrière mon arbre frémit.

Je pose mon front sur son écorce, le sève monte, ma langue l’accueille.
L’amour attend votre retour pour faire jaillir l’eau à nouveau.
les seins des femmes pointent déjà, des mains se serrent.

Autour de la source un peu de mousse verte grouille de vie et de joie.
Tout bouge en cadence et m’annonce l’évanouissement du jour.

Je vous quitte, le crépuscule envahi la plaine et la maison,

notre maison, est un temple éteint. »

Inez, Paris, août 1994


Quatrième lettre :

( réponse de Pedro à Inez ) :

« Inez, prénom qui me dévore les lèvres et m’impatiente les mains,

sache maintenant, oh ma douce, que celui qui un jour a déplié son bras

pour que ta joue y repose, t’offrait l’océan contenu dans sa paume.
Je regarde l’empreinte de ta beauté de nacre et d’or sur ma poitrine.

Caressante amie, mon cœur te chante des louanges honorant ta grâce

et la générosité de ton abandon.

Devant ma force tu plies ton corps à mon désir.

Tes lèvres épousent mon pouce et j’attends que la soie se déchire

et m’enveloppe de son infinie fermeté.

De nous, de toi je m’éloigne et j’enrage aussitôt de ne pas être né

Aussi docile que guerrier.

Obéissant à mon Roi, poursuivant mon destin auprès de lui,

J’admire la légèreté avec laquelle vous marchez dans mes refus.

Plaignez-vous davantage, réclamez place et chaleur, vous me savez fidèle.

Je vous prie, surveillez mon insouciante course à travers l’intrigue qui vous couvre.

Votre dévoué,

Pedro, Paris Juin 1997 «






Lmartinez

présente :

Le reste est silence

Le mythe d’Inez de Castro vient nous revisiter

pour cette quatorzième version.

Nous l’avons créé et joué en 2005 au Monastère

Santa Maria d’Alcobaça et à l’église St. François d’Assise,

à Coimbra, pour l’anniversaire des 65O ans de sa mort.

C’est un travail d’écriture bilingue,

ou des lettres d’amour fictives

se mélangent aux récits des amants sans visage.

Un extrait des « Falas da Castro « ,

de l’auteure portugaise Eduarda Dionisio,

fait partie du collage des textes.

avec :

L’Auteure : Bernadette Hildeilfinger

La Nourrice : Martine Vinsani

Le Destin, le Fou du Roi : Guy Segalen

D. Pedro : David Weiss

Inez de Castro : Emerentienne Dubourg,

Lidia Martinez , Anne Savina

A la régie, Hélène Marquié.

Paysage sonore : Thierry Jousse, LM.

Nous remercions la Fondation Calouste Gulbenkian

dans la personne du directeur monsieur Joao Pedro Garcia, pour l’accueil à notre groupe dans ce lieu magnifique. Merci à Madame Maria do Carmo de Vasconcellos, pour cette cinquième collaboration. Merci à tous pour l’aide et la confiance qu’ils nous prodiguent depuis si longtemps.

LM

mardi 7 octobre 2008

Cartas de Amor de Pedro e Inez


Carta de amor de Pedro e Inez

Pedro,

Neste refugio onde a solidao é uma porta que nos fecha a boca,

o meu pensamento todo te é oferecido.

O silêncio testemunha desse dom e a meu recolhimento nele.
Nao quero ver para além do teu corpo que me acolhe e onde me escondo,

nele encontro e bebo o mel do meu consolo.

Para quê este sofrimento que me tolhe a alma, alagando os campos do Mondego

de tanta lagriam e dor ?

Para onde correm as sombras que caminham neles ?

Julguei mal a minha força, o cansaço fez-me prisioneira

cosendo-me a este espaço onde me guardas do mundo.

Adeus amor, o meu peito jà nao chora de te ver partir

e o meu braço é uma asa desprendida que te acena lentamente.

Senhor, eles jà me mataram antes do punhal.

Inez, Paris, Fevereiro 1994

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Cartas de amor de Pedro e Inez


Me voici prête au dernier adieu, puisqu’il allège le peuplier

de ses feuilles sombres, tardives.

Il y a des roses qui habillent ma gorge de satin parfumé.

L’odeur m’apaise et la nuit rentre en moi par la bouche

Et fait éclater ma poitrine.

Ma peur se roule à tes pieds, se cache sous la terre que tu parcours.

Je suis l’oiseau poursuivi par les chiens d’un roi

qui ignore tout de la passion.

Un insecte apeuré et ses ailes me crucifient à un destin

qui s’écrit par-delà un lit de pierre dentelée.

Je demande au vertige de ne pas rougir

l’eau de notre fontaine,

qu’il tarde de le faire.

Le quart de lune décroisse encore sous le lourd

témoignage de ce crime.

Il est le seul témoin de cet abandon.

L’adieu est l’oraison que je répète au temps

qu’ils me volent, à la vie qui me reste.

Ma bouche ne bouge pas, elle boude.

Pedro, ne laisse pas la trahison lever le poignard

qui menace ma quiétude.

Reviens et protège-moi de tout ce qui me tue.

Fais-vite, le diable me colle son pas,

il me glace le visage de ses doigts impairs.

Inez, Paris Juin 1997