mardi 23 décembre 2008

La reine à St Paul...











Au sujet des costumes:

La robe-objet est une construction plastique

qui suit l’élaboration d’un spectacle.

Elle s’inscrit dans le temps et fait surgir

la forme pour y loger le corps.

Une façon de mesurer l’intérieur du silence

en creusant le tissu.

C’est aussi une trace brodée de l’attente,

une action humble et laborieuse,

qui trompe l’angoisse et la peur.

En les entourant de fils et de perles colorées,

je tente de les apprivoiser.

Pour la version dite 5+1 du spectacle sur la Reine Morte,

une robe plus légère

a été cousue, me dénudant davantage.

Le poids de ces robes-sculptures,

symbolisaient l’autorité lourde et écrasante

de l’interdit propre à l’état fasciste.

Un corps ficelé de l’intérieur,

caché derrière les préjugés moraux et religieux.

Il m’a fallu quatorze ans pour me libérer de cet interdit.

Et apprendre à danser, légère, en intégrant son poids dans mon corps.

Ensuite, je ne pourrais plus me laisser surprendre par sa matérialité changeante,

Sa corruption sordide.

lidia martinez- ( 1989-2006 )

Sur la Reine morte, Inez de Castro :

( … ) Sans succès et depuis 1984, Inez de Castro essaie d’échapper au drame de sa mort.

Elle marche sur ses propres traces, refaisant les gestes d’autrefois et retrouve les sensations subtiles d’une danse qui trompe la mort.

Inez revient, elle est seule et repose

la tête sur l’épaule de son amant, elle se souvient.

La Nourrice pétrit le pain ( corps d’Inez ),

qui se brise contre un destin imposé par

Le blanc récit de sa tombe.

L’évanouissement s’empare de la reine morte

et dans l’ourlet de sa robe se cachent

du sable rouge et des poignards sans maître.

Pedro l’habille de soie verte pour l’ultime parade

et déjà l’oiseau se meurt par la bouche.

LM. 2002

Extraits de presse :

« ( … ) Plein de projets en perspective pour cette artiste chorégraphe et plasticienne

qui au gré des créations, construit un univers symbolique et mythique ( … ) ».

Le Monde Interactif, Cristina Mariano.

« ( …) Lidia Martinez installe ses mythologies personnelles comme des réseaux de sens à décrypter, plutôt à ré-interpréter, dans la veine d’autres plasticiens tels Chrristian Boltanski, Mike Kelley, Richard Baquié par exemple ( … ) «.

La Marseillaise, Claude Lorin.

« ( …) Exposition monographique de cette artiste plasticienne, danseuse et chorégraphe à Miramas ( … ) »

Vogue Magazine.

« ( …) On connaissait ses solos trempés dans l’univers qui la caractérise.

En dansant multiples n’a jamais autant ému et transmis ( ... ) « .

Fédération de la Danse, Emerentienne Dubourg.

«( … ) Théâtre, danse, performance ?

Comment définir son travail ?

La frontière est son élément géographique, elle saute d’un art à l’autre avec aisance,

Cela dérange la critique et peut rendre difficile

la compréhension de son travail.

Elle est proche des artistes de » l’Art Povera « ,

par l’utilisation de matériaux conducteurs d’énergie.

L’emploi de fragments, de « déchets « soustraits à la vie,

servent à célébrer l’énigme de la vision, ils interrogent notre conception de la danse,

du théâtre, celle du créateur, de l’artiste ( … ) « .

« Le jardin de Lidia Martinez «

Isabel Vila Nova Journal des Lettres( lisbonne )

samedi 20 décembre 2008










Cartas de amor de Pedro e Inez

Me voici prête au dernier adieu,
puisqu’il allège le peuplier
de ses feuilles sombres, tardives.
Il y a des roses qui habillent ma gorge de satin parfumé.
L’odeur m’apaise et la nuit rentre en moi par la bouche
Et fait éclater ma poitrine.
Ma peur se roule à tes pieds,
se cache sous la terre que tu parcours.
Je suis l’oiseau poursuivi par les chiens
d’un roi qui ignore tout de la passion.
Un insecte apeuré et ses ailes me crucifient à un destin
qui s’écrit par-delà un lit de pierre dentelée.
Je demande au vertige de ne pas rougir l’eau de notre fontaine,
qu’il tarde de le faire.
Le quart de lune décroisse encore sous le lourd
témoignage de ce crime.
Il est le seul témoin de cet abandon.
L’adieu est l’oraison que je répète au temps qu’ils me volent,
à la vie qui me reste.
Ma bouche ne bouge pas, elle boude.
Pedro, ne laisse pas la trahison lever le poignard
qui menace ma quiétude.
Reviens et protège-moi de tout ce qui me tue.
Fais-vite, le diable me colle son pas,
il me glace le visage de ses doigts impairs.

Inez, Paris Juin 1997

mercredi 17 décembre 2008


































Texte sur le Thrène

Lamentation pour l’amant disparu

Mon bel amant, mon petit, mon cœur,

il est tard, il est déjà trop tard,

c’est fait et plus à refaire.

Mon cœur a séché,

je me noie dans la rareté de ses larmes.

Il est tard, il est déjà trop tard.

Les vers,

les insectes vont te dévorer,

le temps fera de toi

un paillon à la nuit brève.

Les morts regardent de l’autre côté de l’abîme,

de l’autre côté du puits,

ils arrivent du fond de la peur.

Oh mon bel amant, mon tout petit, mon cœur!

La barque de Caron ne peut se fier à la lune.

Ombres et battements d’ailes furtifs

glissent sur le Styx.

Va-t’en mort !

Gueule de chauve-souris au museau ridé.

Elle te prend sous son manteau de poussière.

Des fleurs poussent sur les pierres.

Il est tard, il est déjà trop tard.

Mon amant, mon petit, mon cœur,

j’ai un couteau planté dans ma bouche.

Une dent de loup te coupe la lèvre,

et c’est moi qui saigne.

Aie, aie, aie, mon amant,

mon tout petit, mon cœur !

Je suis une Cassandre inutile

au rire brisé d’Ophélie.

Après t’avoir pleuré,

après avoir ri aussi,

après la vaisselle et le rangement,

j’irai à la fenêtre de ma chambre

crier au monde :

- Je t’aime, ô toi !

Mon tout petit, mon bel amant, mon cœur !

Dieu t’a insufflé la vie

par le « baiser de sa bouche «

tu as avalé une partie de son âme.

Après, tu as chuté dans le monde

et je t’ai rencontré.

Il faut rendre aux choses leur gloire.

Ce soir je suis nue dans les plis de nos draps,

Nostalghia, nostalghia.

Tu as le visage gris de l’absence.

Tu es le père du vent.

Souffles sur ma peine,

sur la pourpre désolée de mes lèvres.

Sans toi, j’ai les mains déracinées.

Sens-tu le benjoin, la myrrhe et le nard ?

Ils embaument tes cheveux coiffés par Marie.

Mon bel amant, mon tout petit, mon cœur,

il est tard, il est déjà trop tard.

Les oiseaux tombent dans le puits,

tu suis une étoile, nous sommes faibles,

les animaux sont faibles,

l’un est le lieu de l’autre.

Oh mon cœur, mon tout petit, mon bel amant!

Mon dernier cri est pour toi.

Sur ton lit de mort,

je libère mes mains.

Pour toi, la rose se plie

De beauté et de velours rouge.

Bruxelles, Paris 05

Tes cheveux...




















...tes cheveux sont les bijoux de la mort...

Pedro.

samedi 13 décembre 2008











Textes de Martin, O Bobo. Martin

- Je suis né triste, c’est chose rare pour un bouffon.
Ma tristesse vous fait sourire.
Cet amour est un tourbillon d’étoiles !
Des ailes, il me donne des ailes,
il fait semblant de voler,
sur la pointe des pieds il regarde le ciel.
Demandez à Dieu, qui est le Roi « Saudade « !
Il est le premier, le seul à placer le froid jouet
de la mort sur un trône.
- Tout autour de lui reflète Inez,
chaque arbre connaît
la grâce de son abandon. .

Elle est un papillon de nuit
pris au piège d’un pli de velours,
au bas de son manteau royal,
un bijoux greffé sur de la dentelle usée.
Ah, ah, je sens vibrer ses ailes au creux
de mon pauvre cœur de bouffon !

Mon bon Roi …. Pedro le « Justicier « , le « Cru
«, le jouisseur, le veneur,
- - Mon jumeau ! / ( Il tombe au sol )./

- Vous êtes tous venus et n’osez rien dire… ( il se lève )
Regardez, regardez son chagrin dans mes yeux…

oui, oui… vous craignez cette douleur qui assombrit mon regard.
Sa folie et ma bosse s’accordent, elle grossit mon dos,
elle m’habille pour la dernière des nuits.( ...)


LM, 2005