samedi 14 mai 2011

cartas de amor



Cartas de amor de Pedro e Inez, en français

Depuis que vous êtes parti la fontaine des amours c’est tarie.
Ici tout est devenu lent étiré.
Les pierres s’enfoncent dans le marais honteuses de porter votre oubli.
Sur les murs se dessinent des routes griffées, poreuses, j’y vois couler des larmes.
Aujourd’hui le soleil blesse mes yeux de sa lumière trop vive.
Je me cache dans le forêt, elle me parle, me caresse la peau.
Près de la carrière mon arbre frémit.
Je pose mon front sur son écorce, le sève monte, ma langue l’accueille.
L’amour attend votre retour pour faire jaillir l’eau à nouveau,
les seins des femmes pointent déjà, des mains se serrent.
Autour de la source un peu de mousse verte grouille de vie et de joie.
Tout bouge en cadence et m’annonce l’évanouissement du jour.
Je vous quitte, le crépuscule envahi la plaine et la maison,
notre maison, est un temple éteint.
Inez, Paris, août 1994

( réponse de Pedro à Inez ) :
Inez,
Prénom qui me dévore les lèvres et m’impatiente les mains,
sache maintenant, oh ma douce, que celui qui un jour a déplié son bras
pour que ta joue y repose, t’offrait l’océan contenu dans sa paume.
Je regarde l’empreinte de ta beauté de nacre et d’or sur ma poitrine.
Caressante amie, mon cœur te chante des louanges honorant ta grâce
et la générosité de ton abandon.
Devant ma force tu plies ton corps à mon désir.
Tes lèvres épousent mon pouce et j’attends que la soie se déchire
et m’enveloppe de son infinie fermeté.
De nous, de toi je m’éloigne et j’enrage aussitôt de ne pas être né
aussi docile que guerrier.
Obéissant à mon Roi, poursuivant mon destin auprès de lui,
J’admire la légèreté avec laquelle vous marchez dans mes refus.
Plaignez-vous davantage, réclamez place et chaleur, vous me savez fidèle.
Je vous prie, surveillez mon insouciante course à travers l’intrigue qui vous couvre.
Votre dévoué,
Pedro, Paris Juin 1997

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